De la prévision d' un show électoral épique.

Le décor est en train d’être planté, progressivement, pour un show électoral qui promet d’être épique. Les Burkinabè rêvaient d’une véritable compétition électorale de la 4e République avec de vrais candidats. Ils seront servis. D’autant plus que c’est peut-être la dernière de cette 4e République. Car elle risque fort de ne pas survivre au prochain mandat présidentiel. Cependant, il faut craindre que cette bataille ouverte ne soit juste une occasion de promesses démagogiques et autres discours lénifiants ne reposant sur aucun projet sérieux. Car, sur ce plan, l’offre politique est d’une extrême pauvreté au point que l’on se demande si l’on a fait l’insurrection juste pour voir quelques politiciens et autres ambitieux se ruer dans les brancards pour tenter de tirer profit de la situation. En effet, dans cette phase de pré-campagne où les tournées, meetings, assemblées générales et autres congrès ou conventions d’investiture se succèdent, l’on ne voit rien venir, excepté à une certaine mesure le Parti de la renaissance nationale (PAREN). Sans doute que les autres sont en train de rédiger ou de finaliser les leurs. Pour l’instant, le discours n’est pas rassurant. La rupture tant attendue avec ce qui a été servi au peuple jusque-là, ne semble pas pour demain. Jusque-là, les élections étaient remportées par Blaise Compaoré non pas sur la base de ses projets de société, mais sur la base de l’appareil d’Etat confisqué et mis au service exclusif de la conservation du pouvoir. En effet, en ce qui concerne les projets de société, le ridicule le disputait à l’irresponsabilité des hordes d’intellectuels et de courtisans qui les soutenaient et les vantaient. Bref, Blaise Compaoré, par son obsession du pouvoir et surtout à vouloir être encore candidat en 2015, a été mis à la touche. Mais qu’est-ce que les autres proposent de concret et de différent ? Rien pour l’instant ! Bien au contraire, l’impression qui se dégage est que l’on est en train de reproduire le même système de la manipulation, de la corruption et de l’escroquerie politique. Pire, certains politiciens tentent dangereusement de cacher leur incapacité à proposer un projet de société digne de ce nom au peuple par des attaques en règle contre leurs présumés adversaires directs. L’exploitation malheureuse et malveillante des dérapages langagiers d’Ablassé Ouédraogo de « Le Faso Autrement » et de Yamba Malick Sawadogo du MPP (qu’il faut condamner avec force), traduisent, si besoin était, le manque d’imagination de nos politiciens qui tentent, sans aucune honte, de se faire une place au soleil en exploitant uniquement les fautes des autres. C’est de bonne guerre, diront certains. En politique, comme dans toute bataille, il faut savoir exploiter les failles de l’adversaire. Mais en plus, il faut proposer autre chose, innover. Sur ce plan, il n’est pas superflu de rappeler à certains politiciens de la petite semaine, qu’il faut arrêter de prendre la non-collaboration avec Blaise Compaoré comme une preuve d’intégrité. Tout comme la collaboration avec Blaise.

David Kaboré